CHRISTOPHE ELISSALDE
CHRISTOPHE ELISSALDE, PRODUCTEUR DE PIMENT D’ESPELETTE AOP DEPUIS 2016.
« J’ai repris les terres familiales car j’avais envie de redonner une vie à cette ferme à l’abandon. J’aimerai vivre décemment de mon métier et avoir de moins en moins d’impact sur l’environnement en le pratiquant. »
Quelques dates :
2014-2015 : Dans le cadre d’une reconversion professionnelle, Christophe suit la formation du BPREA (Brevet Professionnel Responsable d’Exploitation Agricole), pour mettre à niveau ses connaissances en agriculture/agronomie afin de devenir producteur de piment d’Espelette AOP.
2016 : Christophe s’installe en tant que producteur de piment d’Espelette AOP et plante 10.000 plants. En parallèle, il débute le maraîchage, le tout en agriculture biologique.
2021 : Conversion de son exploitation en agriculture biodynamique. Christophe espère être certifié DEMETER en 2022.
DEMETER : Marque de certification internationale pour les produits issus de l’agriculture biodynamique.
Comment êtes-vous devenu producteur de piment d’Espelette AOP ?
Au départ pour être honnête, c’était un peu par défaut. Je voulais relancer l’activité agricole de la ferme familiale, Zabaloa. Pour cela je me suis dirigé par simplicité vers le piment d’Espelette, la production de légumes en général m’attire un peu plus mais je n’ai pas assez de connaissances. Et puis 1 culture=1 souci, 40 cultures = 40 soucis ! Le maraîchage diversifié, à mon sens, cela reste compliqué. Mais je me suis donné les moyens pour parvenir à produire le piment d’Espelette de manière consciencieuse et qualitative.
Quel type d’agriculture pratiquez-vous et quels sont les moyens techniques utilisés ?
Depuis 2016, je pratique l’agriculture biologique. J’ai choisi d’avoir le moins d’impact possible sur l’environnement naturel, sur les personnes qui m’entourent et les consommateurs. Les pesticides provoquent des maladies graves tant sur l’humain que sur la faune et flore. Je n’ai pas envie de contribuer à ça. Même si c’est plus difficile en agriculture biologique, on peut avoir de bons rendements.
Lorsque j’ai créé mon activité, j’ai investi dans une serre, l’essentiel du matériel nécessaire à la transformation et à la préparation de la culture. Je fais néanmoins appel à une CUMA (Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole), Bixie Bixia d’Itxassou pour la planteuse et plastiqueuse. Lors de ma conversion en biodynamie, je souhaite rapidement améliorer mes pratiques : arrêt du labour, plus de plastique, plantation à la main, … Aujourd’hui j’emploie des saisonniers pour m’aider au moment du pic d’activité en été, période durant laquelle la culture du piment d’Espelette et le maraîchage se chevauchent. Ils m’aident pour désherber, récolter et équeuter le piment. Malgré cela, je travaille en moyenne 45h par semaine.
Comment s’organise la transformation du piment d’Espelette AOP ? Quels types de produits réalisez-vous ?
J’ai ma propre salle de transformation, avec un four, un broyeur et une machine sous vide. Je réalise uniquement de la poudre de piment d’Espelette AOP que je vends principalement à des revendeurs. En 2020, j’ai fait appel pour la 1ère fois à un re-conditionneur.
Quelles sont les qualités à avoir pour être producteur de piment d’Espelette AOP ?
Il faut être présent, avoir un suivi régulier de sa culture. Être rigoureux, passionné par son métier et aimer la terre que l’on cultive. Être un bon observateur est également un atout, reconnaître les besoins de la plante pour pouvoir anticiper.
Selon vous, quels ont été les moments forts de l’histoire du piment d’Espelette AOP ?
L’obtention de l’AOC en 2000 puis de l’AOP en 2002. Viennent s’ajouter les projets mis en place par le syndicat du piment d’Espelette AOP, accompagné de certains producteurs, tel que le projet de parcelles expérimentales sur lesquelles sont développés différents essais (paillage, stress hydrique, gestion du sol,…) mais aussi les études sur l’impact des changements climatiques.
Les évènements, manifestations liés à l’agriculture au Pays Basque (Lurrama, …) et les acteurs du monde agricole local (BLE, EHLG – Euskal Herriko Laborantza Ganbara, …) participent également à mettre en avant nos produits fermiers, notamment le piment d’Espelette AOP, et de ce fait aux moments forts de notre histoire.
Quelle vision portez-vous sur la filière aujourd’hui ?
Elle accueille des producteurs chaque année, elle fait vivre plus de personnes. Pour moi c’est un plus. En revanche, le fait que certains producteurs augmentent le nombre de plants chaque année, cela augmente aussi l’apparition de maladies. L’aspect commercial a également pris le dessus pour certains et a entraîné moins de solidarité entre les producteurs, plus d’individualisme.
Le piment d’Espelette fête les 20 ans de son appellation.
Que souhaitez-vous au piment d’Espelette et à ses acteurs pour les 20 prochaines années ?
Qu’il y ait le même engouement pour le Piment d’Espelette AOP. Qu’il y ait plus de conversions en agriculture biologique, en biodynamie, plus d’installations d’agriculteurs, de transmission et que de ce fait que la pression immobilière sur les terres agricoles cesse.
Une dernière question. Quel est votre plat préféré avec le piment d’Espelette AOP ?
Une bonne omelette aux cèpes, un velouté de butternut. Excellent !